Le documentaire Chemin de terre réalisé par Simon Desjobert sera diffusé le 3 novembre à 1h sur France 2 et francetv.fr.
Né d’un travail long autour de l’écriture, ce film a été façonné en partie lors du Parcours d’Auteur·rice·s — formation dont Simon a été l’un des bénéficiaires en 2022 — et produit par la société nantaise Grande Ourse Films.
À quelques jours de la diffusion, nous avons rencontré Simon Desjobert pour parler de l’écriture du film, la place du Parcours d’Auteur·rice·s dans son cheminement, la rencontre et la collaboration avec sa productrice Estelle Robin-You, et les choix artistiques qui traversent ce récit.
1) Peux-tu nous raconter qui t’a conduit à t’intéresser à ce chemin de fer éthiopien ?
En rendant visite à mon frère, installé avec sa famille en Éthiopie, j’entends parler pour la première fois du Chemin de fer Djibouto-Ethiopien. Ma belle-sœur me raconte l’histoire de sa ville natale, Diré Daoua. Sortie de terre au milieu du désert à la fin du XIXe siècle, la ville accueille les ateliers généraux du chemin de fer. Quand je me rends pour la première fois dans les ateliers, à côté de la gare centrale de Diré Daoua, je me perds dans un vaste terrain vague qui semble hors du temps : les vieilles carlingues entreposées ici et là sont recouvertes par des touffes d’herbe sauvages. Des groupes de singes jouent à cache-cache dans les machines abandonnées. Quelques hommes en bleu de travail se tiennent au pied des machines. Parmi la cinquantaine de cheminots qui continuent à travailler pour la compagnie, je rencontre l’équipe de Berhanu : Basha, le doyen et puis Goshou, fou amoureux de son train. Il m’en parle comme d’un monstre mythologique. Son entêtement à faire rouler ce vieux tortillard me touche. Je me dis qu’il y a un film à faire avec eux.
2) Tu as participé au Parcours d’Auteur·rice·s#5 (2022) — qu’est-ce que cette formation t’a apporté concrètement dans l’élaboration de Chemin de terre ?
J’avais déjà pas mal écrit, mais je ressentais le besoin d’approfondir certains aspects de la narration du film. Ma productrice, Estelle Robin You, m’a encouragé à faire le Parcours d’Auteur·trice·s. J’ai été accompagné par Anna Feillou, tutrice du parcours, qui m’a aidé à caractériser les personnages et à réfléchir à comment amener la dimension historique du train par petites touches. J’ai apprécié les séances de travail collectif avec mes camarades qui sont toujours des moments stimulants où l’on confronte son projet à d’autres et où les réflexions sur le projet des autres aident parfois à mûrir son propre projet. L’autre temps-fort du parcours ce sont les rencontres avec les intervenants producteurs, réalisateurs, compositeur de musique, etc. C’est d’ailleurs à cette occasion que j’ai rencontré Nicolas Contant, chef opérateur, avec lequel j’ai collaboré sur certaines séquences de mon film.
3) Comment s’est faite la rencontre avec ta productrice nantaise Estelle Robin-You de Grande Ourse Films et comment s’est construite votre collaboration ?
Un ami m’avait conseillé de contacter Estelle, à l’époque productrice chez Les Films du Balibari. Je lui ai alors envoyé une première version du dossier en 2020, après le premier confinement qui nous a servi de base pour discuter. Les premières discussions sont enthousiasmantes et offrent de belles perspectives. Début 2021, nous décidons de travailler ensemble. Nous obtenons dans la foulée une première aide au développement de la Région Pays de la Loire qui me donne la possibilité de poursuivre les repérages. Quand elle crée Grande Ourse Films, début 2023, elle embarque le film avec elle et poursuit le travail de production. Assez vite, elle a imaginé produire le film pour la télévision et plus particulièrement pour France 2.
4) La diffusion de ton documentaire sur France 2 marque une nouvelle étape pour toi. Que représente cette reconnaissance et comment envisages-tu la suite de ton parcours d’auteur et de réalisateur ?
France 2 nous a donné les moyens de faire le film que je voulais faire dans de bonnes conditions. La case dans laquelle le film a été développé (25 nuances de Doc) soutient un cinéma documentaire ambitieux et libre dans sa forme. À titre personnel, c’est un bel accomplissement et ça garantit au film une belle visibilité, au moment de la diffusion, mais aussi pendant plusieurs mois sur la plateforme France.tv.
C’est important de le noter car les espaces de liberté à la télévision sont toujours moins nombreux, et je pense que c’est de notre responsabilité en tant qu’auteur·trices – réalisateur·trices de documentaire de continuer d’investir ces espaces et de montrer que la création documentaire est dynamique et multiple.
Chemin de terre (60′ – 2025), un film de Simon Desjobert, produit par Grande Ourse Films
Résumé
Dans les ateliers à moitié désaffectés du chemin de fer éthiopien, les cheminots Goshou, Berhanu et Basha, tentent de maintenir leur machine en vie au quotidien. Pour parcourir les 207 kilomètres du trajet à travers le désert, il faut plus de dix heures, parfois plus. Parfois, le train ne part pas. À deux pas, une nouvelle ligne électrifiée construite par la Chine menace de faire tomber dans l’oubli cette ligne historique.
Simon Desjobert
Formé au documentaire de création à l’université d’Evry, il se rend en Egypte pendant la période révolutionnaire et co-réalise Le Printemps d’Hana, film sur la libération de la parole dans l’espace public, sélectionné au festival Cinéma du Réel en 2013. Il conçoit et anime des ateliers de création donnant lieu à des oeuvres collectives auprès de différents publics.
Diffusion
- lundi 3 novembre à 1h sur France 2 et sur france.tv
- Présentés aux festivals Traces de Vies de Clermont-Ferrand le 25 novembre 2025, Lumières d’Afrique de Besançon (du 7 au 15 novembre 2025), AIFF de Madrid (du 7 au 15 novembre 2025), ainsi que lors du mois du film documentaire en Finistère.




