Ninon Brétécher a participé au Parcours d’auteurs #2. Elle y a développé un documentaire sur le confessionnal, dans un monde où il existe de moins en moins de place pour le secret, les cachettes, les murmures. Elle nous raconte la seconde étape de fabrication de son film : le tournage, qu’elle vient d’achever.
Ninon Brétécher
Ninon Brétécher a fait l’École du Studio Théâtre d’Asnière et a joué au théâtre sous la direction de Jean-Louis Benoit, Frédéric Bélier Garcia, Alfredo Arias… Elle a tourné avec Pascale Ferran, Philippe Godeau, Léa Fredeval… Elle met en scène des spectacles musicaux au Centquatre, au Café de la Danse, au Théâtre Monfort, avec des interprètes tels que Barbara Carlotti, Jeanne Cherhal, Nathalie Richard, Arnaud Cathrine, Florent Marchet, Nathalie Richard, Anna Mouglalis… Ninon Brétécher a exploré les thèmes de la veillée funéraire et de la sérénade amoureuse.
Le Confessionnal
Nous sommes dans un monde qui cherche à tout voir. Il n’y a presque plus de place pour le secret, les cachettes, les murmures. Le confessionnal est un meuble obscur, composé d’une loge et de deux compartiments, séparés par une grille et un rideau, où tout est feutré. Que l’on soit croyant ou bien que l’on ait juste besoin de se délester de ce qui nous pèse, le rituel qui s’y joue permet de faire une introspection. Il donne lieu à de nombreux fantasmes. Pourquoi le confessionnal est-il de moins en moins utilisé ? Remontons le fil du temps et allons à la rencontre de ceux qui viennent glisser à l’oreille du confesseur leur part d’ombre dans ce lieu mystérieux.
Depuis quand travaillais-tu sur ce projet et quel en a été le chemin ?
J’ai commencé à travailler sur le projet Le Confessionnal en octobre 2018, lorsque j’ai envoyé mon projet de documentaire à La Plateforme. Ces meubles qui figurent dans les églises représentaient pour moi des lieux de rituels, des souvenirs d’enfance, et même si je fréquente assez peu les églises, je gardais un attachement particulier pour ces endroits tamisés où l’on chuchote et où les secrets sont protégés. Il reste peu de lieux, de situations qui offrent cette discrétion, où l’on peut se nicher, déposer ce qui nous pèse. Et puis je trouvais ces meubles et ce qui les entoure très romanesque, beaucoup de scènes de films, de situations intenses qui s’y jouaient… Pourtant, j’ai voulu en faire un film documentaire, aujourd’hui.
Pourquoi as-tu candidaté au Parcours d’auteurs et que t’a apporté ce dispositif ?
Ce sujet, les confessionnaux, je voulais l’aborder sous la forme d’un documentaire, dont je ne connaissais pas encore la grammaire. J’ai donc suivi une formation au sein de La Plateforme, avec d’autres lauréats documentaires et fiction. Notre tuteur était Olivier Daunizeau, génial, donnant plein d’autorisations de chercher, de se tromper, de nous mettre dans tous nos états pour écrire et préparer au mieux le film idéal, celui dont on rêve.
Comment le film est-il produit ?
Suite à la séance de pitch organisée par La Plateforme à Trempolino, à Nantes, le directeur des programmes de France 3 Pays de la Loire, Olivier Brumelot, a manifesté un intérêt pour mon projet et m’a proposé de lui faire part des avancées.
J’ai contacté la société de Production Camera lucida et rencontré la productrice Sylvie Gautier. Sylvie m’a accompagnée dans toutes les étapes depuis cette rencontre. Tout d’abord, nous avons ensemble finalisé le dossier avant de l’envoyer aux diffuseurs. Olivier Brumelot nous a reçues et il est devenu notre diffuseur. Nous avons ensuite eu un rendez-vous chez KTO qui a décidé de nous programmer également.
Avec quelle équipe as-tu tourné ?
Il était très important pour moi que l’image soit « lyrique », mise en scène, et sensuelle. Je rêvais de cadres précis, rendant compte du rituel, et aussi de séquences charnelles, plus fiévreuses. Sylvie m’a montré des films dont l’image était signée Margaux Paturel, j’ai aimé son style, son exigence, et sa finesse. En plus, Margaux est joyeuse et délicate, ce qui importait pour approcher des personnes sur le thème du secret.
Nous avons fait appel au réseau de La Plateforme pour trouver un ingénieur du son, et César Boucheton a rejoint notre équipe. Il a été génial et inventif.
Enfin, avant de commencer à monter mon film au mois de mai à France 3 Lille, j’ai contacté le compositeur Mathieu Coupat pour qu’il signe la bande originale du Confessionnal.
Comment s’est déroulé le tournage ?
Le tournage s’est déroulé en trois sessions. Ce qui était parfait, car c’est mon premier film documentaire, et j’avais besoin de dérusher entre les sessions pour voir les séquences qui se dessinaient, et celles qui manquaient pour la narration. J’ai tourné principalement à Sablé et à Saint-Nazaire, et j’ai eu la chance de rencontrer quatre personnes très inspirantes, qui sont devenues les héros du film. Toutes les trois semaines, on les retrouvait, ce qui nous a permis d’apprendre à nous connaître et à être plus « intenses » dans nos échanges. Le tournage a eu lieu entre octobre et fin décembre.
J’ai recherché des moments, des rencontres très différentes les unes des autres. Nous avons tourné à l’Abbaye de Solemnes, dans un cadre historique imposant, une force des traditions palpable, et sur les chantiers de Saint-Nazaire avec des prêtres ouvriers et des sœurs ouvrières.
Ma productrice et moi, nous nous étions fixé comme objectif de réaliser un road movie mystique et sensuel. Vertical et ancré dans notre vie aujourd’hui, sur les routes, dans les églises, dans les pubs, sur la plage, sur les chantiers…
Quelles sont les prochaines étapes ?
La prochaine étape sera le montage au mois de mai dans les locaux de France 3 Lille, puis l’étalonnage et le mixage, et la composition de la bande originale par Mathieu Coupat.