Entretien avec l’auteur et réalisateur Alexis Bessin – juillet 2021.
L’auteur et réalisateur Alexis Bessin vient d’intégrer, en ce début d’année, la formation “Écriture et création de séries” de la Fémis, l’École nationale supérieure des métiers de l’image et du son. Le projet de série qu’il développera à la Fémis n’a pas encore été révélé, mais Alexis Bessin nous partage, dans cet entretien, d’autres projets sur lesquels il travaille. Il revient également sur l’origine de son envie d’être cinéaste, ainsi que ses influences. En 2020, Alexis Bessin avait participé au dispositif Parcours d’auteur·trice·s de La Plateforme et avait été retenu avec son projet de court-métrage “Brigade anti-suicide”.
Tu intégreras la formation « écriture et création de séries » de la Fémis en septembre.
Oui et c’est avec un plaisir indéniable que j’y entrerai. L’intégration de la série dans la vie quotidienne est quelque chose qui m’excite en tant que conteur et j’ai hâte d’apprendre à inventer des univers qui supportent plusieurs histoires.
Quels sont tes projets ?
Je travaille actuellement à une adaptation française des feux de l’amour qui s’appellera les braises du désir et racontera l’histoire d’hommes et de femmes se rencontrant autour d’un bon barbecue. Plus sérieusement, il est encore trop tôt pour parler du projet de série que je développerai à la Fémis. Pour le reste, j’ai un projet de long métrage qui termine sa deuxième phase d’écriture et un projet de documentaire pour lequel je suis en repérage. Ah et avec, l’Ymagier – un collectif de cinéastes mayennais – on termine un petit documentaire sur le quartier du pavement à Laval. Mon été sera donc studieux.
Tu es auteur réalisateur. Tu as déjà réalisé plusieurs courts métrages auto-produits. D’où vient ton goût pour le cinéma et ton envie d’être cinéaste ?
Au départ, j’étais plutôt un enfant-acteur qu’un enfant-cinéaste mais j’ai eu la chance de découvrir le cinéma grâce à l’éducation nationale, dans une option CAV (cinéma audiovisuel). C’est vraiment là que j’ai commencé à penser à travers le cinéma et par le cinéma. Ensuite, j’ai compris que je pouvais intéresser les gens avec mes films et que je m’épanouissais en les faisant, tout simplement. Je savais déjà en terminal que je ferai des films, même si je n’en comprenais pas encore tout à fait la fabrication. Ensuite et depuis, j’ai tracé ma voie avec la certitude que c’était la bonne. Plus ontologiquement, mon envie d’être cinéaste est sans doute lié à une envie vraiment intestine de surprendre. J’écris et je réalise pour susciter et renouveler des attentes, toujours en cherchant finalement la sidération.
Quelles sont tes influences ?
Je suis très inspiré par le travail de Bong Joon-ho, sa capacité à mêler les genres et les registres. Mais disons que mon influence principale reste Bruno Dumont. J’ai d’ailleurs consacré mes recherches universitaires à l’analyse de ses méthodes de fabrication du comique. C’est un modèle pour moi parce qu’il a su rester aussi radical dans le comique que dans le tragique et qu’il est passé de l’un à l’autre en poursuivant sa mystique filmique originale. Et puis Dumont est forcément intéressant pour un cinéaste de province comme moi, puisqu’il n’a cessé de filmer son nord natal. Enfin last but not least : Cimino. Pour sa capacité à utiliser le langage cinématographique dramatiquement et à raconter de grandes fresques par le truchement de l’intime. Pour les films comme pour les séries, je suis toujours sensible aux histoires qui savent créer une tension entre le petit et le grand, l’intime et la géopolitique.
En 2020, tu as participé au Parcours d’auteur·trice·s avec un projet de court métrage de fiction. Pourquoi as-tu souhaité y participer ? Qu’est-ce que t’a apporté cet accompagnement ?
Les résidences – et celle du parcours d’auteur en est une formidable – sont de bons remèdes à la solitude de l’auteur. On progresse plus rapidement puisqu’on ne cesse de raconter notre histoire aux collègues et tuteurs. L’idée du film se fortifie quand on doit l’expliquer aux autres auteurs et, même si on reste des travailleurs du texte, le dialogue enclenche ou réenclenche forcément la création. Personnellement cela m’a aussi beaucoup aidé à comprendre notre région et ses mécanismes de financement des films. Et puis on se fait de bons camarades !