Céline Novel a participé au Parcours d'auteur·rice·s #2 en 2019. Elle vient de terminer son court-métrage “Enfin elle les tue tous” dans lequel elle explore les désillusions du cinéma avec mordant et tendresse. Rencontre.
Pourquoi avoir choisi le métier de réalisatrice et quel est ton parcours professionnel ?
Pour inventer moi-même des histoires. Aujourd’hui, pour être comme Peter Pan. Rester dans l’enfance, jouer. Pour susciter le rire et l’émotion des spectateur·rices. J’ai suivi un long cursus. Une licence d’études cinématographique pour apprendre à penser le cinéma. Puis un graduat de réalisation à l’IAD en Belgique, pays que j’ai habité de nombreuses années et dont j’ai la nostalgie.
Quelles sont tes principales influences artistiques ou cinématographiques ?
Le cinéma burlesque : Buster Keaton, Charles Chaplin, Jacques Tati, Billy Wilder, Jean-Daniel Pollet, Dominique Abel & Fiona Gordon. Mais aussi Barbara Loden pour son sublime et unique film Wanda, Gena Rowlands et Marilyn Monroe pour leur jeu physique si intense et sincère.
J’en ai à foison des références artistiques – photographiques, picturales, littéraires, musicales… Ça tient chaud au coeur et c’est une source inépuisable d’imaginaires dans lesquels je peux aller puiser de l’inspiration.
Peux-tu nous raconter la genèse de ton film “Enfin elle les tue tous” ?
J’ai d’abord voulu faire un documentaire (que je n’ai pas réalisé) sur une réalisatrice qui n’arrive plus à faire de films et qui, en attendant, est caissière dans un cinéma… Puis il y a eu le visage en gros plan de l’actrice Catherine Mouchet sur un grand écran de cinéma pour me rappeler qu’elle n’avait pas eu de carrière de cinéma malgré son César du meilleur espoir féminin en 1987 pour son rôle dans Thérèse d’Alain Cavalier. Où étaient passées toutes ses jeunes et super actrices des années 90 ? Où étaient passés mes rêves de jeunesse (faire des films) ? Le personnage de la réalisatrice est devenu une actrice, le documentaire un court métrage de fiction et au final, je tiens le premier rôle aussi, celui de l’actrice.
Tu as bénéficié de la formation Parcours d’Auteur·trice·s proposée par Le Pôle cinéma audiovisuel des Pays de la Loire – La Plateforme. Qu’est-ce que cet accompagnement dans l’écriture filmique t‘a apporté ?
- Du temps dédié à l’écriture d’un film en étant déchargée des tracasseries du quotidien. Tellement précieux.
- Des rencontres amicales et professionnelles.
- La découverte du travail collectif qui augmente un projet individuel.
- La confirmation de mon désir de refaire un film coûte que coûte.
Une rencontre, une anecdote qui t’a particulièrement marquée pendant ces 6 mois d’accompagnement?
La présence constante et très soutenante d’Adrien Heudier (directeur de la Plateforme à l’époque) et de Mathilde Mohler-Fleury (en charge de la logistique et de la communication) tout du long du Parcours et même au-delà.
En quoi cette expérience a-t-elle fait évoluer ton écriture ou ton regard de réalisatrice ?
Tous les temps d’écriture en collectif proposés par David d’Acquaro (notre tuteur) m’ont convaincue de la nécessité de ne plus être seule dans ce long processus qu’est l’écriture de scénario. J’ai adoré l’énergie créatrice que cela procure.
Tu as été lauréate de la Bourse Émergence-Ville de Nantes. En quoi cette distinction a-t-elle eu un impact sur la suite de ton travail ou sur la visibilité de ton projet ?
Toute forme de reconnaissance décuple ma force de travail. Donc cette Bourse m’a donné une patate d’enfer ! Et mine de rien, comme il n’y a d’aides publiques pour l’écriture dans notre Région, cette bourse a été la bienvenue. J’ai également reçu celle de l’association Les Films du Funambule pour ce projet. Je ne crois pas que cette Bourse ait apporté davantage de visibilité à mon projet.
Aujourd’hui, vous intervenez pendant le Parcours d’Auteur·rice·s en tant que formatrice sur un atelier d’écriture créative. Pouvez-vous nous en parler?
J’interviens avec Marianne Gaudillère. Nous formons un binôme d’animatrices. Sur une proposition de la Plateforme, nous avons participé à un Week-end Caméra stylo où l’on nous donnait des consignes d’écriture que nous ne connaissions pas. J’ai adoré faire ce pas de côté dans l’écriture de scénario. Par la suite, nous nous sommes formées à l’animation d’ateliers d’écriture grâce à un formidable cursus proposé par le Creps des Pays de la Loire. En duo, nous avons animé trois années de suite des ateliers d’écriture créatives mensuels auprès d’autrices.
Nous développons une méthode qui s’appuie sur l’énergie et les ressources d’un groupe pour explorer des projets personnels. Nous favorisons le carambolage, le hasard, les intuitions fortes. Nous intégrons l’activité manuelle (couper, déchirer, coller des images) pour expérimenter le lâcher prise. L’avantage de notre méthode est que chacun·e peut s’emparer des consignes qui lui serviront ailleurs, avec d’autres. Marianne et moi, nous nous sentons utiles en intervenant pendant le Parcours d’Auteur•ices et sommes toujours très curieuses de découvrir les projets émergeants.
Tu es adhérente et membre active de La Plateforme. Qu’est-ce que cette association représente pour toi et que t’apporte-t-elle concrètement en tant qu’autrice-réalisatrice?
Après le Parcours, il m’a fallu un cadre de travail et je l’ai trouvé en écrivant tous les vendredis mon scénario dans une pièce monacale de La Centrale. Ce rendez-vous m’a bien convenu. Et ça me permettait de venir dire bonjour à Adrien et Mathilde, perchés au deuxième étage. J’ai beaucoup aimé cette période.
Je ne suis plus membre active depuis un certain temps. Ma vie est remplie à ras bord (hélas).
La Plateforme représente pour moi un espace vital de rencontres entre pairs grâce aux propositions des différents bureaux. Je suis allée de nombreuses fois aux lectures de scénarios par exemple. Les temps collectifs, comme la Rentrée de la Plateforme, sont des moments professionnels mais aussi festifs où tous les adhérents se croisent. Tous âges et toutes professions confondues. J’ai pu d’ailleurs constater que de nouvelles générations avaient fait sur apparition. Même si je me sens proche du préhistorique face à cette jeunesse, c’est beau de voir le renouvellement arriver.
Des envies, des projets professionnels pour la suite ?
Oui, l‘envie de me remettre à l’écriture de scénario mais pour cela il faut du temps – beaucoup – et je n’en ai pas pour l’instant.


Céline Novel - Biographie
Céline Novel vit à Nantes, s’appuie sur le collectif pour écrire et aime particulièrement le monde de l’enfance. Après un long détour dans le domaine de l’exploitation cinématographique, de retour à la réalisation de films.
Filmographie
1999 : Bouge pas, j’arrive ! – documentaire (Need Production – Belgique) scénariste et réalisatrice
2004 : Oh la la – court métrage (Need Production – Belgique) scénariste et réalisatrice
2005 : Des vacances familiales – documentaire (Need Production – Belgique) scénariste et réalisatrice
2007 : Boulevard l’océan – court métrage (Need Production – Belgique) scénariste et réalisatrice

Enfin elle les tue tous
Fiction – 13 min
Production : Les 48e rugissants
En co-production avec Tébéo Tébésud, TVR – Avec le soutien du CNC
Synopsis
Marilyn est caissière dans un cinéma de quartier. Derrière son comptoir, elle s’accroche à son rêve : celui de reprendre sa carrière d’actrice. En attendant des jours meilleurs, son quotidien est rythmé par la tyrannie de son patron.