Hélène Merlin, marraine du Parcours d’Auteur·rice·s#9 (2026) : « J’aime transmettre »

HELENE MERLIN MARRAINE PA2026
Nous avons le plaisir d’accueillir Hélène Merlin, réalisatrice du film Cassandre, comme marraine de la 9e édition du Parcours d’Auteur·rice·s. Entretien avec cette cinéaste engagée, originaire des Pays de la Loire, sur son parcours et sa vision de la transmission.

Biographie:

Après avoir débuté le Théâtre à Angers en 2000, Hélène Merlin est montée à Paris pour devenir comédienne. Elle bifurque ensuite vers la médiation culturelle, devient reporter pour France Musique puis chroniqueuse pour Mouv’, et développe des ateliers pédagogiques à Radio France et à La Villette.

Formée en parallèle comme Journaliste Reporter d’Image à l’école des Gobelins, elle développe une web-série de formats courts pour Publicis et réalise un court-métrage auto-produit. Dans le cadre de l’Atelier Scénario de la Fémis 2017, elle écrit son 1er scénario de long-métrage CASSANDRE, tourné à l’automne 2023 en Pays de Loire. 

1 – Qu’est-ce qui vous a donné envie d’accepter de devenir la marraine du Parcours d’Auteur·rice·s cette année ? Que représente pour vous le fait d’accompagner des auteur·rice·s émergent·e·s dans votre région d’origine ?

Je suis très attachée à la transmission, aux partages d’expériences, aux rencontres. Médiatrice culturelle et intervenante pédagogique depuis plus de 15 ans, j’anime divers ateliers (vidéo, radio, écriture, prise de parole en public, direction d’acteurs, préparation au casting…) et j’adore ça. Parce que ça nourrit ma créativité, mon inspiration et il me semble fondamental à notre époque de cultiver le lien humain. J’aime transmettre ce qui m’a aidé dans mon parcours et raconter aussi ce qui a été difficile et complexe à traverser.

2 – Que diriez-vous aux futur·e·s participant·e·s qui hésitent à candidater aux Parcours d’Auteur·rice·s ?

Si vous avez l’élan, foncez ! Faire ce qu’on aime, ce qui fait sens pour soi, ce qui nous nourrit, est ce qui me semble le plus important dans la vie. Attrapez les opportunités au vol, lâchez vos peurs, jetez-vous à l’eau, travaillez, travaillez, travaillez, et ne vous censurez-pas. Chaque petit pas vers la réalisation de vos rêves est important !

3 – En quoi le territoire ligérien a-t-il marqué votre parcours artistique et votre regard de cinéaste? 

Je suis née et j’ai grandi en Anjou, en pleine nature. C’est là que j’ai découvert l’équitation, l’opéra, la danse, le cirque, le théâtre et le cinéma. J’y ai écrit ma première pièce et monté ma première compagnie, et j’ai tourné mon premier long-métrage en Pays de Loire (Sarthe et Maine-et-Loire). On peut donc dire que j’ai fait tous mes premiers pas dans cette région, c’est là que je me suis construite et déployée.

4 – « Cassandre » votre premier long-métrage a rencontré un très bel accueil de la critique et du public. Il sera projeté le jeudi 29 janvier 2026 à La Bernerie-en-Retz dans le cadre du Parcours d’Auteur·rice·s#9. Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet et les thématiques qui vous tenaient particulièrement à coeur dans ce film? 

J’ai commencé à écrire en 2016 pour 2 raisons principales. La première, c’est que je ne voyais pas dans les films des représentations de ce que j’avais vécu. Deux films qui abordaient la question de l’inceste frère-soeur sont sortis à cette époque (Marguerite et Julien, de Valéria Donzelli, et Illégitime, d’Adrian Sitaru) et les deux m’ont mise en colère. La représentation de l’inceste m’y semblait erronée et je trouvais ça extrêmement dérangeant de lire dans la presse des commentaires tels que « drame familial et sentimental », « l’amour incestueux », « histoire d’amour scandaleuse »… J’ai donc voulu écrire et partager mon expérience, avec mon point de vue sur cette question, nourri ce que j’ai vécu et de toutes mes lectures sur le sujet. Je voulais montrer la complexité de cette zone grise, déconstruire les figures de l’agresseur et de la victime, et raconter de façon sensorielle ce que j’avais ressenti. En 2016, je travaillais en radio mais le choix d’en faire un film s’est imposé comme une évidence, j’avais des sons et des images très précises imprimés dans ma tête, je voulais les sortir de ma tête.

La deuxième raison de ma mise en écriture, c’est que j’observais que dans mon parcours de vie, j’étais confrontée de façon récurrente aux violences sexistes et sexuelles. Je voulais comprendre ce que je portais en moi de façon inconsciente, ce qui pouvait me confronter à cette répétition de la violence et comprendre aussi comment la société favorise ce genre de violence. J’ai pensé que si je ne m’occupais pas de ce que j’avais vécu dans ma famille, si je ne me documentais pas sur la question traumatique et sur l’aspect systémique en lisant des essais féministes, je ne m’en sortirais pas, je serai confrontée inlassablement à ce type de violence. Donc l’idée de transcender ce cheminement dans une oeuvre d’art me donnait à la fois une direction, un objectif, une discipline pour avancer, me dépasser.

Les thématiques abordées dans le film pourraient se résumer ainsi : la réparation avec la nature, les animaux, le sport, l’amitié, la transmission, la sororité, et la transcendance par l’art. Dans ce film réside tout ce qui m’a aidé à me construire, à grandir. Le geste artistique et créatif permet d’explorer la complexité, de paratger, de nuancer, de sublimer et d’accepter notre condition humaine. Ça me parait essentiel pour réussir à vivre.

5 – Quels sont vos projets en cours et à venir? 

Je travaille depuis 1 an sur un projet de roman, et depuis quelques mois sur un projet de 2e film, et j’ai également un projet de Théâtre en tête… Je ne sais pas s’ils aboutiront, j’ai dans mes tiroirs beaucoup plus d’embryons de projets que de projets aboutis. En parallèle de mes projets d’écriture, j’anime divers ateliers pédagogiques et je vais suivre une formation de Mise en scène de théâtre pendant 1 an pour renouer avec mes premières amours. Je me démultiplie pour être continuellement en position d’apprendre, de transmettre et de créer, pour moi c’est la base, l’équilibre, pour toute la vie.