Basée à Nantes, Rennes et Paris, la société de production Les Salines Films a obtenu le LABEL PRODUCTION EMERGENTE 2025 de La Maison du Film. Rencontre avec Lucile Mayet, l’une deux productrices de la société qui sont adhérentes de La Plateforme depuis 2024.
1/ Les Salines Films est une société de production récente, créée en 2021 et basée à Paris, Nantes et Rennes. Pouvez-vous nous raconter ce qui vous a amenée à devenir productrices et ce qui a motivé la création de cette structure? Quelle est votre ligne éditoriale?
Après avoir travaillé plusieurs années dans la production, Alyson, avec qui je suis amie, me parle de son projet de monter sa propre structure et propose alors de nous associer. L’idée me séduit, j’ai auparavant travaillé comme lectrice de scénarios et sur divers projets en écriture mais je n’ai pas d’expérience comme productrice. J’ai envie d’apprendre et on est convaincues que nos parcours et nos sensibilités différentes peuvent être une force et nous rendent complémentaires ; Alyson a plus d’attrait pour le documentaire quant à moi c’est la fiction qui m’intéresse.
Je pense que l’on se positionne d’abord comme des spectatrices : on essaye de produire les films qu’on a envie de voir. Parfois, c’est un sujet qui nous touche immédiatement, d’autres fois, c’est une histoire qui éveille notre curiosité, qui nous pousse à enquêter, à comprendre, à nous laisser déplacer. Ce désir de découverte et d’engagement guide nos choix. Ce qui nous a amenées à créer Les Salines Films, c’est précisément cette envie de donner une place à des récits qui ne trouvent pas toujours d’espace dans les circuits dominants, des récits singuliers, portés par des auteur·rices qui ont un regard fort sur le monde.
Notre ligne éditoriale s’ancre dans un cinéma d’auteur indépendant, sensible et politique, avec une attention particulière aux écritures hybrides et aux thématiques engagées. Nous défendons un cinéma qui questionne, qui fait bouger les lignes. C’est ce qui nous a amenées à accompagner les films de Mandana Ferdos, qui aborde avec une grande justesse l’exil et la condition des femmes iraniennes, ou encore le projet Violeta de Xavier Champagnac sur le portrait d’une femme espagnole monoparentale et qui explore les réalités sociales.
2/ Vous faites partie du réseau des producteurs ligériens et vous accompagnez notamment des projets issus de la formation à l’écriture filmique Parcours d’Auteur·rice·s comme celui de Jeanne Vaillant et de Tamara Seilman. Pouvez-vous nous décrire ce qui vous intéresse dans ces projets ? D’après vous, qu’est-ce que le Parcours d’Auteur·rice·s a pu apporter au processus créatif de ces autrices?
Nous faisons partie du réseau des producteurs ligériens en tant qu’adhérent de La Plateforme depuis 2024, et nous avons à cœur d’accompagner des démarches singulières, notamment issues de la formation à l’écriture filmique Parcours d’Auteurs. Les projets de Jeanne Vaillant et de Tamara Seilman, tous deux des documentaires en développement, nous ont particulièrement interpellé par la manière dont ils articulent une quête intime avec une visée plus politique. Chacune explore un sujet profondément personnel, tout en questionnant des enjeux collectifs, avec une grande liberté formelle. Leurs écritures se distinguent par leur hybridité assumée, leur goût de l’expérimentation, et la volonté de sortir des cadres classiques du documentaire. Le Parcours d’Auteurs leur a permis, à notre sens, de structurer leurs intentions, de confronter leurs idées à un cadre professionnel stimulant, et d’affiner leurs dispositifs. C’est un accompagnement précieux, car il casse la solitude inhérente à l’écriture, tout en offrant un espace de dialogue bienveillant mais exigeant, où le projet peut se confronter très tôt à des regards extérieurs. Cela joue un rôle déterminant dans la maturation artistique des films.
3/ Vous venez d’obtenir le label « Production émergente » de la Maison du Film. Qu’est-ce que cette reconnaissance représente pour Les Salines Films, et comment pensez-vous qu’elle va influencer vos projets à venir ?
Ce label va avoir une influence concrète. D’abord, l’aide représente un soutien précieux pour la production de notre prochain court métrage (grâce à une dotation en matériel) là où les financements sont souvent les plus fragiles. C’est aussi une reconnaissance symbolique forte, qui vient renforcer notre visibilité auprès de partenaires, de diffuseurs, de festivals, et qui nous donne davantage de légitimité pour tisser de nouvelles collaborations. Enfin, cela conforte notre engagement : faire émerger des voix nouvelles, des films libres, ancrés dans les territoires, à l’écoute du monde et de ses fractures.