Entre la débrouille totale et les contraintes de la pratique professionnelle, Mad Cow propose une autre voie pour entretenir l’étincelle de la création cinématographique. Sa démarche : susciter une communauté audiovisuelle dynamique autour de formats courts et innovants. La soirée de lancement aura lieu à Nantes le mardi 1er mars au cinéma Le Concorde.
Ce projet s’adresse peut-être à vous. Mad Cow sollicite toutes les volontés motivées par le fait de fabriquer ensemble du cinéma. Avec sa dénomination anglo-saxonne, fofolle et bovine, l’association renvoie sans détour à son projet cousin, Scary Cow USA. Cette coopérative de films indépendants est née à San Francisco. Son pitch est simple : apprendre à faire des films de qualité professionnelle et, surtout, les faire. Cette mise en œuvre consiste à associer des talents autour de projets réalisables rapidement, car de courte durée, et à motiver les équipes par la perspective d’une projection dans un vrai cinéma.
Né en 2007, ce collectif réunit aujourd’hui 280 cinéastes. Ce n’est pas un hasard si le projet a vu le jour en Californie. San Francisco et Los Angeles ont été les lieux d’incubation de nouveaux formats et de nouvelles écritures comme les web-séries. En pratique, le projet se déroule par session. La séance de pitch constitue son point « in ». Devant tous les membres de l’association, chaque porteur de projet a deux minutes pour exposer son idée. Les équipes se forment au coup de cœur et la fabrication du film se fait dans la foulée. Le compte-à-rebours est lancé. Dans quatre mois tout le monde se retrouve pour la projection. La contrainte temporelle est stimulante et les formes privilégiées en adéquation : fictions digitales, courts-métrages et documentaires.
Ce bouillonnement de créativité, Joëlle Touïtou l’a vécu de l’intérieur. Elle a eu sa période américaine au Berkeley City College. L’ancienne créative publicitaire y a étudié au moment même où l’industrie du cinéma basculait au format digital et bousculait les codes de la production d’un film. En tant que chef opérateur puis assistant directeur, Joëlle Touïtou a pris part à une dizaine de projets de Scary Cow USA avec un égal bonheur. « J’ai aimé ce melting-pot, l’idée de travailler avec des gens plus pros que soi. Le collectif est un outil super polyvalent pour essayer des choses et se faire remarquer ». Les projets impulsés par Scary Cow USA, près de 400 à ce jour, bénéficient pour la plupart de sélections en festivals. Certains ont même attiré l’attention des studios hollywoodiens.
Pourquoi ne pas adapter ce concept en France ? L’idée a fait son chemin d’un ouest à l’autre puisque c’est à Nantes que Joëlle a récemment posé ses bagages. Depuis un an, avec ses coéquipiers Jean-Marc Berton et Stéphane Imari, elle met sur pied le projet. Au fil de leurs échanges, il a connu quelques adaptations. Aux États-Unis, un important prix financier est attribué au film plébiscité lors de la soirée de projection. Dans la VF, la récompense se mesure en termes de savoir et de conseil. L’auteur de la production lauréate bénéficiera d’un accompagnement personnalisé, axé sur le scénario ou bien sur la réalisation, de la part d’un professionnel reconnu.
S’il y a un prix, l’esprit n’est pas celui d’un concours. L’idée est bien qu’un maximum de projets puissent voir le jour. « Mad Cow peut constituer une passerelle entre l’école et le monde professionnel ou encore une transition pour les personnes impliquées dans le cinéma afin d’évoluer vers un autre poste du métier ». Chacun peut y tester des idées, s’initier, s’améliorer, bref, se professionnaliser. À chacun de savoir s’intégrer en évaluant bien ses compétences. « Le collectif est responsabilisant », estime Joëlle Touïtou. Cette dynamique de réseau rencontre la communauté réunie autour de La Plateforme, interlocuteur privilégié dans cette opération.
À San Francisco, les projections de Scary Cow USA se déroulent au Castro Theatre. Son pendant nantais sera le Concorde. Grâce à la complicité de son directeur, Sylvain Clochard, le cinéma indépendant du quartier Zola accompagnera l’ensemble du projet. La marraine américaine, Rolla Selbak, réalisatrice et productrice indépendante, y sera présente virtuellement lors de la soirée inaugurale. À distance, elle présentera sa conception du projet ainsi que sa dernière web-série.
Alors maintenant comment participer ? L’inscription est de 50 euros pour une session. Elle comprend l’accès aux projets collectifs mais aussi à quatre master-class animées par des professionnels reconnus. Parmi les premiers intervenants : Rémi Noëll, créateur de la web-série à succès née à Nantes : Random, et le documentariste Xavier Liébard.
Le décollage semble imminent. Le site de Mad Cow est formel : au moment de conclure cet article, il reste 13 jours, 19 heures, 50 minutes, et 22 secondes avant la soirée de lancement.
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Les dates à retenir
Mardi 1er mars 2016 – soirée de lancement / Le Concorde
Mardi 15 mars 2016 – date limite de réception des dossiers de pitch
Mardi 29 mars 2016 – soirée pitch / Le Concorde
Mardi 13 septembre 2016 – projection des réalisations de la première session / Le Concorde
Trois conseils de Joëlle Touïtou pour un pitch qui fait mouche
- communiquer l’ambition artistique du projet,
- démontrer que l’on est capable de maintenir le projet jusqu’au bout,
- évaluer les débouchés du projet.